vendredi, mai 04, 2007

On a gagné !

Qui ?
Mais nous !
Qui, nous ?
Ben... Nous !

Réponse unanime de tous, Royalistes ou Sharkozystes.
Ce matin, à la radio, interviews d'élèves de cinquième. Les réponses des chères têtes blondes reflètent évidemment les propos des parents pendant le débat. Quelle tristesse d'entendre des enfants adopter le ton prétentieux, suffisant, pompeux de leurs géniteurs pour débiter des lieux communs. Quant aux idées personnelles des bambins et bambines sur le débat et les débatteurs, elles se résument par : C'est çui kil dit qui l'est.
Tout ça ne dépasse pas la cour de récréation. Là, je parle du débat lui-même. Les candidats ont à leur service des conseillers de campagne, des psychologues, peut-être même un coach d'art dramatique. Il manque un auteur. Et sans doute un metteur en scène. Le texte est bien appris mais puisqu'il s'agit de politique spectacle, il faudrait respecter les règles du spectacle.
Spectacle ou match ?
Les arbitres au rôle assez mal défini n'ont pas l'autorité requise. En tout cas, ils ne l'avaient pas l'autre soir pour distribuer des cartons jaunes. Un bon point pour Ségo : alors que par deux ou trois fois Sharko a évoqué François Hollande en sous-entendant qu'il ne pensait pas au Premier Secrétaire mais au concubin, Ségo n'a pas, me semble-t-il fait allusion à Cécilia. Je n'ai pas tenu jusqu'au bout du débat Peut-être l'a-t-elle fait si elle a évoqué le sort des femmes. Sous-payées ou battues.
Qui a gagné ?
La pugnacité de Ségo semble avoir échoué. Sharko, l'oreille basse et le ton épiscopal, jouait les renards tentant d'apprivoiser le poulailler. Quel coq, quelle poule aurait pu se laisser abuser? On a fait reproche aux candidats de faire des erreurs, de mal connaitre les dossiers. Cette fois, je plaide pour eux. Si les présidents, si les élus s'entourent de ministres et de conseillers, c'est bien pour qu'ils connaissent et gèrent ces dossiers à leur place. Revenons au spectacle : le metteur en scène d'un film a la main haute sur tous les postes. Saurait-il pour autant réaliser un branchement électrique correct ou parfaire un maquillage gore d'un film d'horreur ? C'est bien sûr sans intention particulière que le mot "horreur" est sorti de mon clavier.
Ce débat peut-il changer la donne ? J'en doute.

Qui a gagné ?

Simplement la télévision en réalisant un audimat record.

18 Comments:

At 16:01, Anonymous Anonyme said...

En quete d'une reponse neutre à cette question, j'ai été faire un tour sur les sites des bookmakers.
Avant le débat, Sarkozy était donné vainqueur avec une probabilité de 80%, il avoisine maintenant les 95%. Du point de vue des chances d'être élu, on peut donc dire assez objectivement qu'il sort vainqueur du débat.

 
At 19:17, Anonymous Anonyme said...

Etrange... Il est pourtant resté lui-même: agressif, aigri, terriblement peu loyal. En somme assez cheap... A croire que les Français aiment le bas de gamme.
Mais c'est un autre débat.
Toutefois, faut-il faire confiance aux spéculateurs et autres parieurs?
Attendons que le résultat sorte des urnes. Peut-être qu'on aura une surprise. Après tout Mitterand n'était pas vraiment prévu au programme en 81 et même plutôt mal parti...

 
At 22:10, Anonymous Anonyme said...

Je n'ai pas vu le débat en vidéo, je ne peux donc juger de l'attitude des candidats et de leur langage corporel, mais j'ai lu sa transcription sur internet, ce qui fut, et c'est la vé-ri-té, un grand moment de rigolade.

Peut-on faire confiance aux parieurs? Dans l'ensemble oui, et ce pour plusieurs raisons.

Premierement les individus ont tendance à évaluer leurs choix de deux manières differentes, l'espoir et l'opinion. Mettons que nous nous interrogeons sur le temps qu'il fera ce week-end. Nous avons envie qu'il fasse beau, et donc dire "Il va faire beau" nous apporte une certaine satisfaction, une certaine rejouissance: nous entretenons notre espoir. Si nous nous trompons... et bien tant pis, le coût n'est pas très important. En revanche, s'il y a quelque chose en jeu, nous allons probablement tenter de nous former une meilleure opinion. Si je parie 100 euros sur le temps qu'il fera demain, je vais regarder la météo, tenter de faire des prévisions et la position que je prendrai ne dépendra plus tellement de ce que j'espere pour mon picnic. Ce modèle de décision a été utilisé par l'économiste Bryan Caplan pour caractériser les processus de vote. Le cout de se tromper en votant est très faible, un seul bulletin ne fait pas grande différence, on a donc tendance à voter pour le candidat dont on aime à penser qu'il est le meilleur et pas forcément celui que nous jugerions etre le meilleur si nous portions une plus grande responsabilité sur notre décision.

Le parieur politique est dans une optique de profit, il cherche la satisfaction du gain bien plus que la formulation réjouissante de l'issue espérée. En somme le parieur a tout interet a etre rationnel, a s'appuyer sur des sondages etc.


Deuxiemement, un marché de pari est un mécanisme d'absorbtion de l'information. Les gens les plus informés peuvent, à profit, placer des paris qui corrigeront les cotes. Quelqu'un qui connaitrait maintenant l'issue certaine du scrutin aurait tout interet a placer toute sa fortune en pari, mais ce faisant il tarirait l'offre et le marché refletterait une probabilité de 100%. Sans aller jusque la, des petites fuites dans la presse, dans les instituts de sondage, aux RG sont autant d'informations qui trouvent progressivement leur voie dans une probabilité agrégée.

Quid de la presse? La presse n'a aucun interet a annoncer une victoire certaine, elle ne se vendrait pas, elle a interet jusqu'à la fin à nous entretenir de revirements, de coude-à-coude etc.

 
At 23:42, Anonymous Anonyme said...

La presse a surtout intérêt à suivre Nicolas Sarkozy...
Ca me fait penser à quelque chose, à ce propos...
C'est étonnant. J'avais lu il y a quelques années, un article (je ne me rappelle plus dans quel journal) qui parlait de la presse américaine et de son curieux et inhabituel manque de critique envers les dirigeants du pays depuis l'accès au pouvoir de Bush (fils).
Etonnant, parce qu'avant même d'être élu, Sarkozy parvient à museler les journaux les plus féroces (cf: le canard, qui cette semaine s'est remarquablement bien tenu ou Marianne qui ne pronnonce pas un mot sur Sarkozy battant sa femme, alors que semble-t-il, Khan possède une copie de la main courante de Cécilia...Certes ça réduirait le débat d'idées à néant, m'enfin il me semble qu'il est déjà bien à terre. D'autre part, comment élire un homme violent? Tout simplement.)
Etonnant, oui, vraiment...

 
At 01:51, Anonymous Anonyme said...

Qu'est-ce que la violence?
La violence c'est l'agression de l'autre, c'est la coercition, ou plus exactement l'initiation de la coercition (il n'est pas "violent" de se défendre de manière proportionnée envers un agresseur).

Comment peut-on définir proprement l'agression? Est-ce nuire à quelqu'un? Non, pas nécessairement: ma tête peut "déplaire" à quelqu'un cela ne constitue pas une agression de ma part, si je me lance dans la plomberie, je n'agresse personne, même si les plombiers me préfereraient voir entreprendre un autre métier pour conserver leur clientèle.
La violence c'est atteindre aux droits de l'autre, aux droits qu'il possède sur lui même - sa liberté, aux droits qu'il possède sur des objets - sa propriété. Voler une mobilette est un acte de violence.

Le programme de Nicolas Sarkozy est rempli de menaces d'agression. Sarkozy veut par exemple interdire aux étrangers de circuler librement là ou pourtant ils sont bienvenus, pour se faire il aura recours à la police, à la force: c'est bel et bien un acte de violence.

Le programme de Segolene Royal propose de fortes hausses du niveau d'imposition. Qu'est-ce que l'impot? L'impot c'est l'Etat qui fournit un service et qui vous envoie la facture, que vous ayez ou non sollicité le service. Il devrait être naturellement possible de refuser et le service et l'impot, mais ce n'est pas le cas. Qu'adviendra-t-il si l'on choisit donc de se passer des services de l'État? L'État envera des gens armés se saisir de vous et de votre propriété et vous croupirez en prison. L'impot ne fonctionne pas par le consentement ou par un quelconque contrat social, il fonctionne à la force des baillonettes. La démocratie ne change rien à l'affaire, le consentement de la majorité n'est pas votre consentement ni le mien. Le droit ne découle pas d'une décision majoritaire, heureusement. Si la majorité vote qu'il faut exterminer les imberbes ou les barbus, cela n'en donne le droit à personne pour autant. Le droit, c'est respecter l'autre.

Madame Royal veut aussi, il me semble, instaurer un "service civique" obligatoire pour les jeunes. Il s'agit donc de travail forcé. De quel droit va-t-on condamner les jeunes aux travaux forcés en France? Si un jeune dit: Non je refuse, c'est en bout de chaine Madame Royal qui ordonnera qu'on le mette en prison ou qu'on le punisse.

Tous les programmes politiques proposés reposent sur une violence extrême. Ne pouvant cautionner cela, je m'abstiendrai, mais j'appel de mes voeux la défaite de Ségolène dont le programme me semble de très loin le plus violent.

 
At 13:10, Anonymous Anonyme said...

Tu es donc contre le principe de démocratie quel qu'il soit.
Et donc c'est bien logique que tu t'abstiennes de voter.
Cela dit: je pense qu'un coup de matraque est plus violent qu'une feuille d'imposition.
Je m'excuse d'enfoncer des portes ouvertes, mais on ne peut pas raisonablement comparer l'impôt -même si on le considère comme un vol- à un CRS armé d'une matraque qui te poursuit dans la rue, ou un policier qui tabasse un mec pour pouvoir contrôler son identité devant une soupe populaire (Cf le travail de monsieur Sarkozy au ministère de l'intérieur et de récents événements place de la République à Paris).
Il y a deux poids, deux mesures. Mais là encore, la différence se niche au niveau du rationnel et du raisonnable.
D'un point de vue purement rationnel on peut affirmer que le programme de Mme Royal est plus "violent". Mais lorsque on se réfère au raisonnable: il est évident que Monsieur Sarkozy est de loin le plus violent.

 
At 13:13, Anonymous Anonyme said...

Mais ça c'est mon côté purement pragmatique qui parle... Je préfère être volée (même si je ne considère pas l'impôt comme du vol)que tabassée.

 
At 14:11, Anonymous Anonyme said...

Je ne m'y retrouve pas dans ces débats.
je n'aime ni l'excès, ni la provocation, ni le systématisme.
Je préfère les débats plus techniques, moins passionnels donc plus ennuyeux sur l'immigration, l'impôt, l'emploi, la monnaie.
Je préfère un point de vue modeste et nuancé à des déclarations tonitruantes.
Ces débats m'éloignent de la politique.
Plus je vieillis, plus je doute.Je n'ai pas envie d'avoir raison, j'ai envie tout doucement par petits mouvements successifs d'essayer d'échanger.
Difficile de dialoguer, car s'il existe la langue de bois, il y a aussi l'oreille de bois.

 
At 14:31, Anonymous Anonyme said...

D'accord avec Dom.Je dois vieillir aussi...

 
At 15:12, Anonymous Anonyme said...

Et moi, au contraire jaime la polémique.
Je la trouve vivifiante et passionnante!
Je me nourris de ces échanges et j'apprends beaucoup, surtout avec un blog trotter aussi documenté et instruit que Tutur!
Vivent les débats d'idées!

 
At 16:40, Anonymous Anonyme said...

Vive Gaëlle !
Vive Tutur !

Pour ce qui est des femmes et des hommes, je ne suis pas pour la tièdeur.
Car je les aime beaucoup, tellement que je ne veux pas qu'ils se heurtent.
Alors, si chacun apprend, tant mieux.

D'ailleurs, malgré mon grand âge, j'ai découvert à ma grande stupéfaction et grâce au blog ce qu'était le droit à la paresse.

Vous allez croire que c'est parce qu'on m'a trop appris le travail ?

Que nenni.
Mais je ne vais pas tout vous raconter.

 
At 20:42, Anonymous Anonyme said...

D'un point de vue purement rationnel on peut affirmer que le programme de Mme Royal est plus "violent". Mais lorsque on se réfère au raisonnable...

Mais rationnel et raisonnable ne sont qu'une seule et meme chose, le produit de la raison. En parlant de raison:
"Ultima ratio regum" fit graver Louis XIV sur ses canons: le dernier argument des Rois. La matraque n'est pas plus ou moins violente que l'impot, elle en est l'ultime argument. Certes, nous pouvons évidemment payer sagement nos impots, et éviter ainsi la matraque, mais c'est un pietre argument, on pourrait l'opposer a n'importe quel usage de la violence Étatique.

Si l'impot n'est donc qu'une forme parmi d'autres de violence de l'Etat pourquoi insisterai-je particulierement dessus? La raison est simple, l'impot est le nerf de l'Etat, c'est celui qui lui permet toutes les autres formes de violences. L'impot est la clef de voute du systeme. Il n'est d'ailleurs pas étonnant que la loi fiscale en France soit de nature militaire, jugez plutot:

Les délits fiscaux sont les seuls ou il est a la charge de l'accusé de prouver son innocence et non à l'accusation d'établir sa culpabilité. De même, les amendes sont prélevés avant le résultat du procès (qui peut durer plusieurs années) et restituées le cas échéant. Cette présomption de culpabilité est bien dérangeante. Il est de même interdit en France d'appeler à la grève de l'impot - ce que je me garde bien de faire.

En bref, les canons sont payés par l'impot et servent à le prélever, la domination, la violence de l'État repose sur ce cycle.

 
At 21:35, Anonymous Anonyme said...

Pas besoin d'impôt pour initier la violence.
La violence et la guerre préexistent à l'impôt.
Pour ma part, je pense qu'on peut faire de très belles choses avec les impôts.

 
At 21:59, Anonymous Anonyme said...

Dom, tu as raison, on peut faire de tres belles choses avec les impots, de meme qu'avec des dizaines de milliers d'esclaves les Egyptiens ont fait de tres belles pyramides.

 
At 22:38, Anonymous Anonyme said...

Question à Tutur :
L'esclavage "c'est pas un peu" la propriété ?
...La logique sans peine...

 
At 17:33, Anonymous Anonyme said...

L'esclavage est une forme de servitude totale. Asservir quelqu'un, c'est s'approprier par la contrainte des droits qu'il possede, droits de circuler par exemple, droit sur le fruit de son travail. L'esclavage est une negation du droit de propriete. L'impot est une pretention de l'Etat sur le fruit de notre travail, c'est donc une forme de servitude.

 
At 18:03, Anonymous Anonyme said...

On ne peut donc pas tout posséder ? Il y a donc une propriété acceptable et une autre qui ne l'est pas selon toi ?

 
At 15:29, Anonymous Anonyme said...

L'abus et le vol peuvent prendre l'apparence de la possession mais n'en sont pas. Si je vole une voiture, tout se passe comme si j'en devenais propriétaire mais je ne lui suis pas, j'abuse de droits dont je ne dispose pas.
Une possession est legitime quand elle est acquise sans porter atteinte aux droits de quelqu'un: par le don, par l'echange ou par le fruit de mon travail mélé aux ressources de la nature.
Un contrat d'esclavage au sens propre supposerait que le maitre prenne controle de la volonté de l'esclave. Cependant, la volonté est inalienable, je ne peux physiquement pas renoncer à ma volonté et la confier à quelqu'un, c'est techniquement impossible.

La propriété de la volonté de quelqu'un n'est pas inacceptable, elle est juste impossible.

 

Enregistrer un commentaire

<< Home