vendredi, mars 16, 2007

Toujours des mots...

Ne nous y trompons pas : j’approuve l’initiative du Ministre de l’Éducation nationale concernant le vocabulaire. Le problème est que ce vocabulaire évolue. M’étant livré hier aux mains expertes d’une pédicure, je me suis plaint de la corne qui naissait sous mon calcanéum. Et j’ai appris à ma grande surprise que cet os n’existait plus sous sa dénomination ancienne. Je ne sais pourquoi, directive européenne ou autre, la nomenclature des os a été modifiée. J’ai sué, lors de ma première année de médecine – qui fut deux fois la seule – pour apprendre toute l’ostéologie en particulier les os du crâne. Que c’est beau un sphénoïde ! Il ressemble à une chauve-souris. Et voilà qu’on me chamboule tout !

Mon péroné a disparu.. Me lançant dans une bal(l)ade étymologique, je m’étais demandé si le personnage de Dame Pernelle (Dans le Tartuffe de Molière) ne devait pas son nom à cet os. Pourquoi ? Parce que l’extrémité inférieure de l’ex-péroné forme la malléole externe de la cheville. Or le rôle de Pernelle était interprété par un homme, comme c’était la coutume. et par Béjart qui était pied-bot et boitait. Une des premières répliques de la pièce est d’ailleurs : «Vous marchez d’un tel pas qu’on à peine à vous suivre» L’entrée de dame Pernelle boitant bas déclenchait immanquablement les rires. Cette réplique n’est plus comprise aujourd’hui.

Les noms des personnages obéissent souvent à une plaisanterie consciente ou non de l’auteur. Bien des personnages de Molière obéissent à cette règle, Harpagon en est l’exemple le plus frappant, le nom renvoyant à harponner et à rapace. Voltaire dans Candide use du même procédé. Si Zadig est Persan, demandez donc à des amis Persans ce que signifie le mot Cunégonde.

Surprise !

Revenons à l’arrêté ministériel. Tant pis si des mots disparaissent, il en naîtra d’autres. Mais pour ne pas troubler nos bambins ne faudrait-il pas vérifier le libellé des annonces publicitaires? La suppression du «ne» dans les phrases négatives est monnaie courante. En revanche on ajoute le S du pluriel là où il n’a que faire. À chaque salon des voitures d’occasion, on vous propose de «superS affaires»! Super pris comme adjectif alors qu’il n’est qu’une utilisation abusive d’un préfixe pris adverbialement.

Mon supermarché vante ses yaourts natureS. Nature pris comme adjectif là aussi. Tous les jours le français est matraqué ou passé à la moulinette.

Mais courage, Monsieur le Ministre. Dépêchez-vous, s’il en est encore temps, de lancer d’autres réformes qui plairont d’autant plus aux enseignants qu’elles arrivent quelques semaines avant l’élection présidentielle…

Quoi ?

J’ai même rien dit !

1 Comments:

At 20:43, Anonymous Anonyme said...

Pourquoi suppromer des mots du vocabulaire français sous prétexte que l'on doit avancer avec son temps et s'adapter ?
Les pauvres chéris ne savent déjà pas écrire correctement français (je pense que moi non plus mais ...)alors pourquoi matraquer de telles fautes de syntaxes ?
Effectivement , je pense également que le ministre a eu raison de lancer cette réforme mais les réformes se font et defont au grès des gouvernements qui se succèdent ou ne voient pas le jour si les gens descendent dans la rue !.
Ou va t on?
Peut être faudrait il tout réformer jusqu'au gourvenement ?
Ca , je crois que cela devrait être fait dans les prochains mois !

J'arrête deux secondes de causer et aimerais savoir, Mr Derret si vous compter donner une représentation à Nancy , afin de me permettre d'aller vous voir et pourquoi pas vous rencontrer .?
Mon mail n'a pas changé depuis le dernier post sur Thierry la Fronde .

loic.gallon@free.fr

 

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