samedi, mars 17, 2007

J'APPELLE UN CHAT, UN CHAT...

Décidément, ça me travaille, cet arrêté qui verra ou non le jour, compte tenu de probables ou souhaitables changements ministériels. Les mots sont mes friandises préférées, je les recherche avidement, je les déguste avec gourmandise. Je m’inquiète pourtant. Quels mots va-t-on apprendre aux enfants ? En principe, le but est d’enrichir leur vocabulaire. Attention, pourtant, à ne pas oublier les définitions exactes de ces mots nouveaux. J’ai entendu récemment parler d’une personne décédée dans un accident de voiture. Non, elle est morte dans cet accident. Décéder, c’est mourir de cause NATURELLE. À moins, bien sûr, que l’on ne considère un accident de voiture comme un épisode naturel de notre vie moderne. Ce qui n’est pas totalement faux.

Il est d’ailleurs à noter que le mot mort risque de disparaître. On dit d’un défunt qu’il est parti, qu’il nous a quittés, qu’il s’en est allé. S’en aller est la traduction du latin decedere. Le mot décès est assez neutre et plutôt administratif.
Pudeur, réserve affective, superstition ?…

Les mots font peur. Moralement et socialement. On use de périphrases pour éviter les mots et on aboutit à des aberrations. On débaptise les métiers humbles mais honorables pour les habiller d’oripeaux inutiles. Appeler un balayeur agent de voirie n’augmente pas son salaire.

Un autre exemple de cette peur du mot exact. Le lycopode, un champignon, est aussi appelé pet-de-loup, par erreur graphique sur le mot ped utilisé au Moyen-Âge pour désigner le pied. Villon parle du Ped au Diable, empreinte du sabot fourchu sur une pierre. Mais le mot est fautivement orthographié PET. Si bien que par pudibonderie on parle de vesse de loup, ce qui ne veut plus rien dire. Une vesse, c’est un pet, silencieux soit, mais un pet tout de même. Peut-être Villon joue-t-il aussi sur cette ambiguïté.

Il existe plusieurs quasi synonymes pour désigner le cancer. On ne meurt plus du cancer, on décède à la suite d’une longue maladie. Le résultat est le même. Je mourrai un jour, de vieillesse de préférence. Qu’on ne dise pas : il nous a quittés.
Cela sous-entendrait que je pourrais revenir.

Je ne vous ferai pas un coup pareil.

4 Comments:

At 15:26, Anonymous Anonyme said...

Ne vous inquiétez pas tant sur cet arrêté qui verra ou non le jour .
Ce qui est important , à mes yeux , c'est ce que Vous (grand père voire peut être arrière grand père) allez faire passer comme messages à vos descendants .
Vous aurez certainement l'air d'une "vieille branche" mais avec toute la culture et le vécu que vous leur ferez passer .
Vous serez là pour leur rappeler la réelle signification des mots , la loi ne changera rien à cela . Vous en inculquerez plus à vos petites têtes blondes ...

Loic

 
At 08:45, Anonymous Anonyme said...

Je profite que le cas du pet de loup soit évoqué pour avancer celui des pets de nonne. Ces beignets sont aussi appelé "soupirs de nonne". Et s'il s'agissait en fait de pieds ?
Robert de BXL

 
At 23:40, Anonymous Anonyme said...

Pas sur, je lis qu'il s'agit d'un beignet soufflé ! Il doit donc être rempli d'air chaud, et quand on le creve... prout.

 
At 23:40, Anonymous Anonyme said...

Pas sur, je lis qu'il s'agit d'un beignet soufflé ! Il doit donc être rempli d'air chaud, et quand on le creve... prout.

 

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