dimanche, octobre 30, 2005

Il arrive...

J'ai entendu dire que venait de sortir un ouvrage sur Alphonse Allais, ce merveilleux ancêtre littéraire des Groucho Marx, Pierre Dac, Francis Blanche et autres. Et je me souviens qu'entre autres idées profondes Allais préconisait de bâtir les villes à la campagne où l'air était nettement plus respirable.
Il semble bien qu'après des décennies son souhait ait été entendu.
Il arrive !
Qui, quoi ?
Mais le tramway, bien sûr. Depuis des mois, de vastes panneaux nous l'affirment. Après le bétonnage intensif et les multiples encombrements, on commence à installer de vastes surfaces gazonnées. Le tramway semble glisser dans la prairie. Et c'est très beau. Si tous les Maréchaux sont concernés, il y aura ainsi un anneau vert autour de Paris. Vu d'avion, ce sera superbe. La ville à la campagne ! Bravo Allais.
Et bravo, Delanoë. La mode, chez nos dirigeants, étant de laisser leur nom à quelques grande réalisation, un Centre Culturel, ou une Bibliothèque, peut-être parlera-t-on un jour du tramway Delanoë? Le Maire de Paris le souhaite sans doute...

Un désir nommé tramway ?

jeudi, octobre 27, 2005

Irritation

ça me démange.
On dirait que le hasard s'ingénie à me causer des irritations épidermiques. Je dois être particulièrement allergique. La radio ce matin. Un commentateur ( un co-menteur ?) évoque le transfert d'un journaliste sportif connu d'une chaîne à l'autre. Et il éprouve le besoin inutile de dire: "Il faut rendre à César ce qui appartient à César". Ce qui s'amenait comme des cheveux sur la soupe. De plus les citations tronquées disent pratiquement le contraire de ce que locuteur croit leur faire dire. La suite de celle-là est: "... et à Dieu ce qui est à Dieu".
Autrement dit: n'accordons à César QUE ce qui appartient à César. Ce qui n'est pas mélioratif.
ça me démange.
Dans un rôle que je dois tenir, je parle du "Général" en disant : Gaulle. Comme si le "De" avec D majuscule était interprété comme un "de" avec minuscule. J'ai déjà écrit que cette fausse attribution de noblesse n'ajoutait rien à la grandeur du personnage.
ça me démange toujours.
Oui, je sais, le français est une langue vivante, et il est normal qu'elle évolue. Mais pourquoi vers le pire? Je sais aussi que ces combats d'arrière-garde sont un peu futiles au regard des grands et graves problèmes de notre siècle. Mais faut-il pour autant ignorer les petits problèmes?
Un dernier mot sur la grippe aviaire pour conclure. Je viens d'entendre dire qu'il fallait éviter de manger des oeufs, en tout cas, pas crus, comme on le fait sur les steaks dits tartares. On va bientôt jeter tous les édredons de plume. Quelle chance que la grippe aviaire n'arrive que maintenant! Pensez-y : Il y a deux siècles on écrivait avec des plumes d'oie. La littérature serait morte !

mercredi, octobre 26, 2005

Tais-toi !

Un bavard c'est quelqu'un qui n'a rien à dire mais qui tient à en faire profiter les autres. Bon, d'accord, je n'avais rien à dire dans mon dernier blog, mais quand je me tais, je me mets à penser, à réfléchir. Et ce n'est pas dans mes habitudes. Ce n'est pas la pensée qui dicte mes paroles, mais le contraire. Je n'y peux rien, chez moi, les mots précèdent la pensée, la font naître. La musique des mots, comme la musique des notes suscite mes sentiments. Je parle, donc je suis. Il me fallait donc écrire, écrire, écrire, même des platitudes.
S. O. S. sentiers battus !
En réalité, j'avais trop de choses à dire et je ne savais lesquelles choisir. Cyclônes, Iraq, grippe aviaire, présidentiables, Corse, Liban... : rien que des nouvelles catastrophiques. Alors je parle de moi. Une catastrophe n'arrive jamais seule.
En plus, je suis confronté à un problème d'éthique. Le paradoxe du comédien là où je ne l'attendais pas. Je vais interpréter pour la télévision le rôle d'un vieux général, une culotte de peau dont le discours me déplaît, dont la mentalité et le discours sont à l'inverse de ce que je pense. Bien entendu, je vais le jouer, mais en ayant le sentiment de me trahir moi-même. C'est inconfortable, mais c'est le métier et ça rejoint les scrupules (?) du pacifiste travaillant dans une usine d'armement.
Alors je me replonge dans mes blogs et ceux de mes confrères. Au fait, je dois ajouter quelques noms aux femmes non mentionnées par ma chère consoeur en blog, Prise de Bec : la peintre Artimisia qui égala les plus grands, Marie de France, poète, et sa tante, Trotula, femme-médecin du XV° siècle, auteur du premier ouvrage sur les maladies des femmes.

Encore un blog pour ne rien dire ? Je ferai mieux la prochaine fois.

dimanche, octobre 23, 2005

Bonjour à vous...

Bonjour à vous...
Très irrégulier, mon blog ! On n'a pas tous les jours le courage, l'envie ou le temps de se mettre en colère contre les incohérences de nos gouvernants, les stupidités de la presse, le néant futur de notre civilisation. Mais j'ai parfois d'heureuses surprises. Ces blogs sont souvent de simples bouteilles à la mer. On ne sait trop à quel rivage elles aborderont, quel pêcheur les recueillera.
Bonjour à vous qui les avez trouvées, mes petites bouteilles, les avez débouchées et avez lu (bu?) les messages qu'elles contenaient. Certains, indifférents ou agacés, ont du les rejeter d'où elles venaient. D'autres ont peut-être souri sans rien dire. D'autres enfin ont tenu à me faire savoir qu'elles n'avaient pas échoué sur un rivage désert.
Bonjour à vous.
Grâce à ces blogs je me suis fait des amis. Sans doute aussi des ennemis. Peut-être en avais-je l'intention. Grâce à ces blogs, des correspondants qui cherchaient à me joindre pour des raisons professionnelles ou personnelles ont réussi à me retrouver
Bonjour à toi, Marie-Josée avec qui j'ai un "lien"; à toi, Carmelo mon confrère; à vous, Tina de l'Ohio (beau parcours pour une simple bouteille!) ; à Isabelle, à vous, Arthur, Bruno, Philippe, Adrian et les autres que je retrouve dans les commentaires ou qu'on me décrit comme "anonymous".
Ce retour sur mes anciens blogs me permet de relire les commentaires, d'y réfléchir à nouveau. L'esprit de l'escalier n'est pas si mauvais, après tout. Il y a sans doute plus de lucidité à réagir à froid même si j'adore la spontanéité et son incohérence. Mon blog sur Carmina Burana avait suscité deux réactions contradictoires, Philophénomène Vs Anonymous. Toutes deux avaient raison, ce qui est embêtant. Je ne suis pas un arbitre ni un juge. J'expose.
Quand on juge un salaud, son talent est-il une circonstance atténuante ou aggravante ? Je penche pour la seconde réponse.
Et vous ?

lundi, octobre 17, 2005

OVNI soit...

On en reparle. Une grande réunion se tient ou va se tenir pour reparler des OVNI. Le sujet est récurrent. Est-ce un écran de fumée pour nous détourner de la grippe aviaire, du droit au logement, de la présidentielle, de la Corse ou de l'Iraq, et orienter nos esprits vers d'autres préoccupations ? Si j'évoque le sujet c'est que je me suis soudain souvenu avoir vu décoller, s'élever dans le ciel , tourbillonner sur place puis disparaître à une vitesse estraordinaire un disque qui jetait mille éclats.
Il ne s'agissait pourtant que d'un phénomène parfaitement explicable...
Je me promenais dans une région désertique du Mexique, près de Durango ( capitale de l'estado du même nom ) ou nous tournions une série télé. Il faisait très chaud. Devant moi, à une dizaine de mètres, s'est formé un petit tourbillon de sable. Naissance d'une petite trombe. Le sable continue à être aspiré puis s'élève, bâton à peine plus gros qu'un manche à balai. Puis, la trombe augmente, grossit, monte, s'étale en un disque parfaitement rond tandis que le "bâton" disparaît. Le disque reste suspendu, tournoyant. La silice scintille sous le soleil. La rotation s'accélère. Chassés par la force centrifuge, les grains de sable s'échappent, si bien que la surface du disque diminue rapidement, mais l'esprit peut imaginer que si la surface apparente diminue c'est que l'objet fuit à très grande vitesse... Plusieurs fois par la suite, dans la même région, j'ai vu des nuages de même apparence.
Y a-t-il des OVNI d'origine extra-terrestre ? C'est possible. Celui-là venait bien de la terre.
Je ne crois pas aux coïncidences et ce renouveau d'intérêt pour les soucoupes volantes coïncide si bien avec l'apparition de la grippe aviaire qu'on est en droit d'avoir des soupçons. J'évoquais cette catastrophe dans mon dernier blog. J'entends se multiplier les recommandations de nos dirigeants :"Ne cédez pas à la panique... Il y a près de dix millions d' antiviraux en stock".
Je respire.

Au fait, il y aura combien de Français au prochain recensement ?

jeudi, octobre 13, 2005

Grippe

Elle arrive.
Non pas la grippe "banale" qui ne tue que quelques milliers de personnes, mais la grippe aviaire qui pourrait bien déclencher une pandémie. On compterait alors les morts par millions. On ne peut tenter de l'éradiquer qu'en prenant des mesures immédiates, en immolant tous les volatiles d'un élevage dès qu'un cas est signalé. Il y a, nous dit-on, une dizaine de millions de doses de vaccin de prêtes. Seulement ? Et pour qui ? Le virus ne cesse de se mofifier et on ne pourra créer un vaccin efficace contre le mutant que lorsque le drame sera déclenché.
Dans le même temps, on va voir se manifester des ligues bien pensantes de protection des oiseaux, de braves dames au coeur tendre continueront à nourrir - de façon illégale - ces horribles pigeons qui souillent les statues de nos squares et mettent en danger la vie de nos enfants. J'exagère ? Non. Ma fille, toute jeune, a été contaminée par le virus (ou le microbe, je n'en suis pas à ça près !) de la pneumonie aviaire pour avoir ingurgité des crottes de pigeon qu'elle prenait pour des bonbons. Le diagnostic a été fait juste à temps et les antibiotiques ont réussi.( Donc, ce debait être un microbe) En nourrissant ces pigeons on ne fait que permettre à leur population de s'accroître de telle façon que, comble du paradoxe, les nourrir c'est les condamner à mourir de faim !
Pensez à l'immense population des pigeons parisiens. Dès que l'épidémie se manifestera, nos gentils volatiles se feront un devoir de la propager. Elle n'est pas transmissible à l'homme, dit-on. Sauf quelques cas... Aïe ! ces "quelques" me donnent froid dans le dos. Quelques, c'est déjà trop.
Ce n'est qu'un début. La grippe aviaire n'est pas un risque bénin. En l'attendant, il serait peut-être souhaitable de s'attaquer à ces espions aviaires, ces détachements précurseurs, cette Cinquième Colonne qui hantent nos parcs, nos rues, nos arbres, nos gouttières, ne sont ni beaux, ni utiles, ni mangeables. Leur roucoulement répétitif m'agace. Si, au moins, ils chantaient comme des rossignols.
Après tout peut-être faucra-t-il aussi supprimer ces derniers..
Je ne vais me faire beaucoup d'amis avec ce blog. Quoi ? Tuer tous les pigeons, les rossignols et les oiseaux migrateurs !
Mais je n'ai pas encore entendu un plaidoyer pour les malheureuses poules euthanasiées.
Y aurait-il un racisme aviaire ?

lundi, octobre 10, 2005

FIAC...Luxe ?

Vsisite à la Foire Internationale d'Art Contemporain. Elle cohabite cette année avec une autre cohabitation, la foire exposition des autos et des motos. Quelques "civils" à la moto, pas un motard à la Fiac. La clientèle semble différente. Ou indifférente.
Pas de tarif préférentiel pour les seniors. Dame ! Ce sont souvent les seuls qui ont les moyens de se porter acquéreurs de tableaux ou de sculptures. Peu de nouveauté à la Fiac, des outrances, des provocations auxquelles on ne peut attribuer le terme d'Art sans un effort d'imagination. C'était peut-être le but. On en arrive à se demander si les quelques relais poubelles installées de place en place ne sont pas des oeuvres d'art ou de l'auto-dérision.
Des enfants pleurent, oppressés par la foule, des parents cherchent des sièges pour déguster leurs sandwiches. Les seuls sièges non occupés sont ceux du mobilier contemporain. Il y a là quelques belles réalisations.
Soyons honnêtes : j'ai vu aussi de superbes sculptures presque monumentales, des bronzes, mais en résumé peu de révélations si ce n'est quelques jeunes talents à découvrir, Miro ou Alechinsky !
Appel aux techniques modernes, vidéo, ordinateur.
FIAC : Foire Informatique d'Art Contemporain ?

samedi, octobre 08, 2005

café philo

D'abord réticent, j'ai accepté d'aller hier soir faire un tour au café philo de Montrouge. J'ai passé une excellente soirée. D'autant plus que mon petit ego fut satisfait puisqu'on a débattu du sujet que j'avais proposé; une phrase de Henry David Thoreau dont je me nourissais depuis ma pré-adolescence : "Si je ne suis pas moi, qui le sera?"
Il y a eu du bon, du moins bon et du pire. Les assistants se sont trop focalisés sur la première partie de la phrase et ont tourné en rond sur le "MOI", essayant de le définir, d'en cerner les limites.
Ce n'était pas le sujet.
Une assistante hospitalière parla des dérives du moi, une autre du clonage, un autre de la liberté intérieure de chacun, un autre des drogues. On évoqua l'influence du conditionnement social, des parents, des amis, des rencontres, de l'éducation... On cita Le MOi est haïssable, Je est un autre, etc. On appela lieux communs et idées reçues à la rescousse. S.O.S. sentiers battus !
Ce n'était pas le sujet
Un apprenti philosophe décida que la phrase était égoïste, ce qui était vrai en un certain sens mais pas dans celui qu'il pensait. Il dériva sur le moi en société, dans un syndicat ou une équipe de foot, dans un parti politique. Il ne respectait pas les règles de prise de parole, coupait sans arrêt la parole à celui qui l'avait légitimement. L'animateur devait rappeler à l'ordre ce perturbateur qui était plus café que philo.
Or le vrai sujet était : "Qui le sera ? "La première partie de la phrase ne servait qu'à introduire le débat essentiel. A vous de répondre si vous le pouvez.
Ce petit récit pour aboutir à une constation. En règle générale des réponses peuvent paraître excellentes, le seul reproche que je leur adresse est de passer à côté de la question. Je repense à la prestation de M. Galuzeau (de Villepin) à la télévision, interrogé par Arlette Chabot que j'apprécie. Une bonne présence, beaucoup de lyrisme, une envolée patriotique qui se croyait gaullienne et qui n'était que chiraquiste.
Mais peu de réponses précises. N'en avait-il donc pas? Il rejetait des décisions qu'on aurait souhaité immédiates dans un avenir rendu flou par un verbe flamboyant qui cherchait à convaincre.
" Nous allons..."servait de programme (présidentiel ?) J'ai déjà souligné cette méthode dilatoire, cette échappatoire. Cette émission "Voyage vers le futur"m'a déçu. Etait-ce une pré-présidentielle ? Sera-t-elle comptabilisée dans les temps de parole des candidats ? Villepin n'a donné aucune vraie réponse.

Ce n'était sans doute pas le sujet.

jeudi, octobre 06, 2005

Dictionnaire, méfiance !

On rappelle des dictionnaires contenant des définitions racistes. Les moeurs évoluant c'est une totale ré-écriture des définitions qui sera bientôt nécessaire. J'ai eu entre les mains dans ma prime jeunesse un Petit Dictionnaire Illustré ( vous voyez de quoi je parle ) déjà ancien. Certaines entrées m'avaient paru douteuses. On trouvait par exemple Bouddhisme, fausse religion de l'Orient. Ou Christianisme : Seule vraie religion révélée. Plus près de nous, je me souviens d'une définition à la rubrique des noms propres concernant un homme politique : Léon Blum. Il était annoncé de la façon suivante : BLUM , Léon ( Léon Karputenfeld, dit). Ce nom avait été forgé par un journaliste d'un brûlot antisémite qui devait trouver que Blum ne faisait pas assez juif pour ses lecteurs. Bien sûr, dès les premières protestations on retire, on pilonne et on s'excuse, mais le mal est fait. C'est le principe des rumeurs. Même en les dénonçant, on les propage; alors que faire ? Se taire?
De façon moins grave, je proteste toujours contre les étymologies fantaisistes qui émaillent TOUS les dictionnaires et qui font transiter par le latin des mots issus directement de la langue gauloise comme cheval, charrue, marne,berge, etc. On lit ainsi : Cheval, du latin populaire caballus, mot gaulois. Parfois même, seul le mot latin est présent. Vieux reliquat de la mainmise de l'Eglise sur l'éducation.
Je parlais dans mon dernier blog de diktat. S'agit-il ici de diktationnaire ? Comme la publicité et la critique théâtrale, les dictionnaires véhiculent des idées reçue, donc dangereuses, qui vont se répandre aussi vite que la grippe aviaire à venir.
Un petit sourire (?) pour terminer :
Rien de plus triste que d'entendre un jeune de banlieue dire " Le dealer m'a apporté ma dope". Alors qu'il devrait dire : "le revendeur m'a apporté ma drogue ".
Je suis pour la défonce de la langue française.

dimanche, octobre 02, 2005

Diktat

J'avais réservé mes places de théâtre par Internet, avant de lire aucune critique. Quand celles-ci ont paru, magré le peu d'enthousiasme qu'elles témoignaient et les commentaires peu flatteurs qui saluaient la pièce, je n'ai pas annulé mon désir de voir Richard III. Une des mauvaises critique venait d'un hebdomadaire plutôt marqué à droite, l'autre d'un quotiden de gauche. C'était, par ailleurs, la première fois que je me rendais au Théâtre des Amandiers. La salle était pleine, preuve que le public n'avait pas tenu compte du diktat de la presse.
J'ai assisté à une excellent spectacle, superbement monté, magnifiquement joué. J'ai trouvé Philippe Torreton excellent. On avait écrit qu'il jouait à la "de Funès". A aucun moment je n'ai ressenti une telle impression. Véritable athlète de la scène, il a tenu le rôle à bout de bras (atrophié, dans l'histoire). On a reproché un phrasé particulier qui tenait plus au style de la pièce qu'à tout autre chose. Un drame shakespearien a besoin d'un autre souffle qu'une comédie de boulevard.
De façon générale, je n'aime pas trop le parti-pris de modernisme qu'imposent certains metteurs en scène. J'ai déjà vu des Misanthrope et des Britannicus en complet veston et, il y a quelques années, un Bérénice où Titus, sans doute PdG d'une multinationale, tenait un attaché case comme symbole de pouvoir. J'ai également vu sur une scène subventionnée une Juliette, pensionnaire de maison close, qui se shootait sur scène et les vieux Montaigu et Capulet se battre en duel à coups de polochon, nus sur des fauteuils roulants. Le jeune public était ravi.

Tant pis.

Ici aussi, quelques touches de modernisme et des anachronismes voulus égayaient la pièce. La scénographie originale permettait des changements à vue très bien venus. Le côté clownesque des oeuvres de Sakespeare et les provocations qui émaillent ses oeuvres étaient, en fait, respectés. Si rois, reines, princes et princesses portaient de somptueux costumes de cour, un peu samouraïsants parfois, quelques personnages étaient résolument modernes. Les Tueurs à gages semblaient sortir d'un film de Tarantino et Révol, dans le rôle du Lord-maire de Londres, évoquait aussi bien le Major Thomson que Chapeau melon et bottes de cuir.
Je ne sais si j'ai bien compris la volonté qui a présidé à ces choix. Mais j'y ai vu un éclairage inattendu. Si les fastes de la Cour sont loin, si Rois et Reines ont perdu de leur grandeur, tueurs à gages et gens du peuple sont bien restés les mêmes. On assassine toujours pour conquérir le pouvoir.
En revenant de cette enrichissante soirée, j'ai repensé aux critiques que je mentionnais. Je me suis demandé à quel obscur mobile obéissaient les journalistes spécialisés. On peut certes regretter que tant d'efforts soient entrepris pour présenter une pièce mille et mille fois jouée alors que des auteurs vivants excellents (je parle de moi, bien sûr!) ne trouvent pas de scène. Pourtant ce spectacle d'une qualité exceptionnelle méritait mieux que la dérision.
Cherche-t-on à détourner le public du Théâtre?
En tout cas, ça n'a pas marché.

Tant mieux

samedi, octobre 01, 2005

Des mots, des maux ?

Démo : Explorant un blog d’outre-Atlantique signalé par Arthur, je tombe sur un exposé traitant de la volonté de certains élus Etats-Unisiens. Ils voudraient qu’une loi impose de remplacer le mot fœtus par bébé. Querelle de mots ? Certainement pas. Les lobbies anti-avortement connaissent le pouvoir des mots. Ceux-ci remplacent souvent les idées. Dès le début de la fécondation, dès les premières divisions cellulaires en deux, quatre, huit cellules indifférenciées, on serait en présence d’un être humain. En appelant bébé un fœtus, l’avortement devient un meurtre. Les femmes pauvres useraient de procédés archaïques et mourraient de manoeuvres abortives, tandis que les femmes riches iraient se faire avorter à l’étranger. Le blogger note également que ceux qui sont contre l’avortement au nom de la vie, sont aussi pour la peine de mort !

Les mots !

Méfiez-vous. Quand on dit qu’il y a une diminution du nombre de demandeurs d’emploi, cela pourrait signifier qu’il y a des chômeurs en plus. Comment ça ? Simplement que la diminution concerne en fait l’accroissement de la demande. En langage administratif, il y a inversion de la tendance. Quand il y a eu moins de nouvelles demandes d’emploi un mois que le mois précédent, il s’agit bien d’une diminution, non ? On cherche à créer la confusion entre la valeur relative et la valeur absolue.

Les mots !

On a connu il n’y a pas si longtemps des Républiques Populaires et Démocratiques.
République, du latin res publica, chose publique, publique venant de populus, le peuple.
Populaires, du latin populus = le peuple
Démocratique, du grec demos, le peuple.
Une telle insistance est suspecte. Qui veut trop prouver…

Les mots.

Il est d’usage courant bien qu’un peu petit-bourgeois qu’un homme présente sa femme comme sa moitié. Il s’agit bien sûr de l’image classique de l’autre moitié de l’orange. Mais j’en ai entendu une version différente : la femme n’est QUE la moitié de l’homme. Comme 2 est la moitié de 4. Les mathématiques au secours du machisme.

Vous trouverez certainement d’autres exemples.

Le mot ne sert plus à définir mais à masquer.